Fausse couche : un médicament contre les mycoses augmenterait le risque
Un traitement contre les mycoses doublerait le risque de faire une fausse couche.
Au Québec, une étude révèle qu'un médicament prescrit pour soigner des mycoses vaginales pourrait provoquer des fausses couches chez les femmes enceintes.
L'étude a été menée sur un grand nombre de grossesses au Québec : 441 949 femmes au total. Elle a révélé qu'un grand nombre de fausses couches étaient corrélées avec la prise d'un certain médicament, sans pour autant pouvoir expliquer le lien de cause à effet. Les fausses couches prises en considération pour l'étude sont celles qui ont été constatées cliniquement, donc pas au tout début de la grossesse.
Le médicament pointé du doigt par l'étude est un antifongique qui se prend par voie orale et contient la substance active fluconazole (Diflucan). Il est principalement utilisé pour soigner des candidoses et mycoses en général.
Deux fois plus de risques de faire une fausse couche
Une chercheuse à la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal auteure principale de l'étude a expliqué à La Presse que le risque de fausse couche, habituellement de 6% est multiplié par deux avec la prise de l'antifongique. Le risque d'interruption de la grossesse passe donc à 12% sous fluconazole.
Si la chercheuse considère que ce risque reste faible, il peut considérablement augmenter si le dose de fluconazole (Diflucan) dépasse 150mg, particulièrement pendant le premier trimestre de grossesse. L'étude a révélé que cela pouvait causer une malformation cardiaque à l'enfant, estimée à hauteur de 18%.
Mais pourquoi ce médicament est spécifiquement donné aux femmes enceintes ? La chercheuse Anick Bérard explique au journal canadien que les femmes en cours de grossesse ont souvent des infections vaginales, et que celles-ci sont particulièrement résistantes aux traitements topiques (locaux).
Trafic de génériques contre le sida
L'Afrique du Sud refuse de financer l'accès aux trithérapies.
Dans l'un des townships les plus désolés de l'est de Johannesburg, Tso Langa a ouvert son cabinet de généraliste il y a trois ans. Dans la petite maison bleue de Katlehong, le mur de son bureau rose bonbon est couvert d'une affiche détaillant la composition et l'usage de tous les antirétroviraux existants. Entre deux consultations, le médecin répond à ses deux téléphones. «Tu as ton idée sur cette maladie, explique-t-il à un client. Il faut que tu m'apportes tes résultats. Plus tôt tu seras sous antirétroviraux, mieux ce sera. Comment, je te fuis ? Tu as mon numéro de portable, tu sais bien que je m'inquiète pour toi... Mais si, je suis très inquiet, je ne veux pas rester assis là à me faire du souci pour toi. Apporte-moi tes résultats, je les veux, j'en ai besoin.» Ses accents de prêtre viennent sans doute des dizaines de malades du sida qu'il a vu mourir, impuissant. Père de deux enfants en bas âge, Tso Langa avoue que son coeur s'est brisé à l'enterrement d'une fillette de 4 ans, contaminée à sa naissance, pour laquelle il n'avait rien pu faire. «Oui, les antirétroviraux sont toxiques, comme le dit si bien notre très inutile ministre de la Santé, mais on n'a encore rien trouvé de mieux pour prolonger les vies», affirme-t-il en ravalant sa colère.
«Toxicité». Manto Tshabalala-Msimang, ministre de la Santé du gouvernement sud-africain parle en effet à tout bout de champ de la «toxicité» de l'AZT. Pourtant, en 2001, Pretoria, aidé des ONG, avait réussi à faire plier les industries pharmaceutiques et obtenu le droit d'importer ou de fabriquer tous types de génériques. Mais l'Etat n'envisage toujours pas d'approvisionner les hôpitaux publics en antirétroviraux : même sous la forme bon marché des génériques, même s'il ne traitait que la moitié des personnes contaminées, la facture serait trop chère : 18 milliards de rands par an (2 milliards d'euros).
Tso Langa comprend que la note paraisse trop élevée, mais il estime que les autorités pourraient tout de même «commencer quelque part». Car aujourd'hui en Afrique du Sud, il y a 5 millions de séropositifs : 11 % de la population. Et les médicaments contre le sida sont vendus, en pharmacie, au prix fort. A 850 rands par mois (98 euros), ils sont trop chers pour l'immense majorité des malades. Une majorité noire, pauvre, confrontée à un taux de chômage de plus de 30 %. Tso Langa paye de sa poche le traitement de six sidéens. «A cause de leur honnêteté avec moi», explique le médecin. Dans un climat général de déni de la maladie, au niveau de l'Etat comme chez les personnes qui se savent contaminées, mais qui continuent d'avoir des rapports non-protégés, le médecin trouve «héroïque» que des malades lui parlent de leur séropositivité. «Certains me disent même de faire attention à moi quand je les examine», affirme-t-il.
Depuis un an, il s'approvisionne en génériques importés en toute illégalité en Afrique du Sud. Sous le manteau, Tso Langa peut donc proposer une version générique de Combivir, une trithérapie dont Glaxo Smith Kline détient le brevet. Il revend l'antirétroviral à prix coûtant, 650 rands par mois (75 euros) soit un discount de 40 % sur le tarif en pharmacie. Il obtient également du Biozole, la version générique du Fluconazole, à des prix imbattables une tablette de 28 cachets à 400 rands (45 euros) soit le prix «normal» de deux pilules. Ce médicament, qui n'est pas un antirétroviral, traite des infections opportunistes comme la méningite cryptocoque et le muguet (mycose buccale). Bien que distribué gratuitement dans les hôpitaux publics, le Fluconazole intéresse la clientèle de Tso Langa. «Certains sont prêts à payer 400 rands pour éviter de passer des journées à faire la queue devant la pharmacie de l'hôpital», explique le docteur.
Prison. Depuis un an, il est en contact avec Mario, un homme d'affaires mozambicain. Ce dernier, qui ne parle qu'avec une extrême réticence, redoute les foudres du groupe Glaxo Smith Kline plus que celles de la police sud-africaine. «C'est très sérieux, je peux finir en prison», affirme cet employé d'une firme pharmaceutique au Mozambique. Il profite de ses activités normales d'importation de génériques en Afrique du Sud pour faire passer, à la frontière, des antirétroviraux fabriqués en Inde et au Brésil. Les besoins énormes des médecins sud-africains ont vite développé son petit trafic. Mario, qui affirme ne pas être le seul à opérer, approvisionne plus d'une centaine de médecins en Afrique du Sud.
Il prend sa marge au passage, tandis que ses clients médecins peuvent aussi réaliser un petit profit, si le coeur leur en dit. «Je ne fais pas d'argent sur mes malades du sida», tranche Tso Langa. «Les gens sont prêts à enfreindre la loi pour se procurer des génériques qui ne sont pas enregistrés, regrette-t-il. D'une certaine manière, on s'en sert comme de cobayes, on fait sur eux des essais de médicaments au pif, sans aucun contrôle.»
Campagne. Après deux ans de pressions infructueuses, pour que Pretoria autorise enfin l'importation et la fabrication locale de génériques, l'association sud-africaine Campagne d'action pour les traitements (TAC), s'apprête à lancer une campagne de désobéissance civile. Zackie Achmat, son président, avait défié les autorités et les laboratoires, en 2000, en important illégalement 3 000 capsules de Biozole fabriquées en Thaïlande. Il avait brandi comme un slogan le prix de ce générique : 1,78 rand l'unité (0,20 euro), alors que le tarif de ce même Biozole vendu par le laboratoire Pfizer à l'Etat sud-africain s'élevait à l'époque à 28,57 rands (3,27 euros). En pharmacie, le Biozole de Pfizer se vendait entre 9,16 euros et 14,31 euros. Un an plus tard, en 2001, un accord a été conclu entre la firme Pfizer et le gouvernement, pour l'approvisionnement gratuit du système de santé publique en Fluconazole (Diflucan).
Aujourd'hui, TAC se focalise sur un accord négocié en novembre entre le gouvernement, les syndicats et le secteur privé sur un programme national de traitement contre le sida. Mais à la dernière minute, le gouvernement a refusé de signer le document. Le 16 février dernier, le président Thabo Mbeki a nié l'existence même de cet accord.
Grossesse : les médicaments oraux pour soigner les infections vaginales sont déconseillés
Le fluconazole et l’itraconazole sont utilisés pour traiter les infections vaginales. Chez la femme enceinte, ils peuvent être à l’origine de malformations du fœtus.
Certains médicaments ne sont pas compatibles avec la grossesse. Dans International Journal of Gynecology & Obstetrics, des chercheurs montrent que des traitements oraux pour soigner les infections vaginales sont déconseillés aux femmes enceintes car ils peuvent avoir des conséquences sur la santé du fœtus.
Les infections vaginales, fréquentes pendant la grossesse
Les mycoses vaginales dues à des champignons n’épargnent pas les femmes enceintes, au contraire, elles produisent plus d’hormones sexuelles, ce qui créé un terrain favorable à ces infections. La plupart des cas sont traités grâce à des crèmes, pommades et autres gels à appliquer localement, mais pour certaines femmes, ce traitement ne suffit pas. Les médecins prescrivent généralement des comprimés oraux dans ces cas, comme le fluconazole ou l’itraconazole.
Des risques pour le cœur et pour la vue
Dans cette recherche, les scientifiques ont rassemblé les données de huit études réalisées sur les effets de ces médicaments sur les femmes enceintes et les fœtus. Ils constatent que ces comprimés n’augmentent pas le risque de malformation congénitale, mais que le fluconazole est associé à un risque plus élevé de malformations cardiaques ou de l’un des membres. La consommation d’itraconazole est liée à une hausse du risque de trouble de l’œil ou de la vue.
Identifier les médicaments à risque
Depuis 2017 et l’affaire de la Dépakine, les médicaments toxiques pour le fœtus comportent un pictogramme sur leur emballage afin de mieux les identifier. Pour tous les traitements, la notice est le texte de référence pour connaître les effets secondaires ou les risques pour la femme enceinte. En cas de doute, il est nécessaire de consulter un médecin ou un pharmacien.
VIH : un antidépresseur réduit les troubles cognitifs associés
L’infection par le VIH peut occasionner des troubles cognitifs. Ceux-ci sont réduits par l’administration d’un antidépresseur courant : la paroxétine.
Un antidépresseur permet de lutter contre les effets neurologiques du VIH. La paroxétine réduit en effet l’inflammation observée chez de nombreux séropositifs. C’est le résultat d’un petit essai clinique, présenté à la Conférence sur les rétrovirus et les maladies opportunistes (CROI), qui se tient à Boston (Massachusetts, Etats-Unis) du 22 au 25 février.
Lorsqu’une personne est infectée par le VIH, une inflammation peut survenir au niveau des nerfs crâniens. Elle provoque alors des troubles de l’apprentissage, de la mémoire, de la prise de décision et de la coordination motrice. Une personne sous traitement antirétroviral sur deux en présenterait les symptômes. Les atténuer représente donc une cible clé.
Réaction plus rapide
Des travaux sur l’animal ont montré que deux médicaments protègent les neurones, notamment parce qu’ils traversent la barrière hémato-encéphalique : la paroxétine, un antidépresseur courant, et le fluconazole (Diflucan), un antifongique. L’essai présenté à la CROI a testé ces deux molécules. 45 patients séropositifs, et atteints de troubles cognitifs associés à leur infection, ont intégré l’essai. Certains ont pris 20 mg de paroxétine par jour, 100 mg de fluconazole deux fois par jour, une combinaison des deux, ou un placebo.
L’antidépresseur s’avère l’approche la plus efficace pour réduire les troubles cognitifs associés au VIH. L’efficacité de la prise de décision et la performance motrice sont bien meilleures qu’avec les autres méthodes. Le temps de réaction s’améliore aussi de manière marquée.
Moins d’inflammation
« Sur une période de 20 ans, et après 10 essais cliniques, c’est la première fois que nous avons pu démontrer clairement un bénéfice dans la mesure de la performance cognitive de patients souffrant de troubles cognitifs associés au VIH », se félicite Ned Sacktor, qui présente les résultats.
De fait, l’examen des échantillons sanguins fournis par les volontaires montre que la paroxétine fait chuter l’inflammation. Alors qu’elle augmente sous antifongique et sous placebo, l’antidépresseur s’accompagne d’une baisse marquée de la protéine CD163. Les chercheurs comptent à présent approfondir les recherches, afin de comprendre le mécanisme à l’œuvre.

Sida: Pfizer à l'aide des 50 pays les plus pauvres
Le géant pharmaceutique américain Pfizer a annoncé hier qu'il donnait gratuitement et pour une durée illimitée un médicament traitant des affections provoquées par le sida aux 50 pays les plus pauvres. «Il n'y aura pas de limite de temps ou d'argent à ce programme», a dit le PDG de Pfizer, Hank McKinnel. Dans ces pays, environ 12 millions de personnes sont infectées par le virus du sida, soit près du tiers des 36,1 millions de personnes infectées dans le monde. Le médicament, le Diflucan, est un antifongique efficace contre deux infections (la méningite cryptococcose et la candidose de l'oesophage), provoquées par le virus et qui touchent de très nombreux malades. Peter Piot, le directeur de l'agence de l'ONU traitant du sida, Onusida, s'est félicité de cette initiative et a espéré qu'elle «sera mise en oeuvre aussi vite et aussi largement que possible».
PFIZER annonce la gratuité du Diflucan traitant des affections provoquées par le sida aux 50 pays les plus pauvres
Le groupe pharmaceutique américain a annoncé mercredi qu'il donnerait gratuitement le Diflucan, un médicament traitant des affections provoquées par le sida, aux cinquante pays les plus pauvres. « Il n'y aura pas de limite de temps ou d'argent à ce programme », a dit le PDG de Pfizer lors d'une conférence de presse.