Finastéride (alopécie, prostate) : quels méfaits ?
Le finastéride commercialisé sous le nom de Chibro-Proscar® est utilisé en urologie pour les troubles urinaires liés à l'hypertrophie bénigne de prostate. Sous le nom Propecia®, il est indiqué en traitement de la chute des cheveux (alopécie). Découverte de ses possibles effets secondaires avec le Dr Charles, chef du service d'urologie au CHU de Poitiers.
Quelle est l'action du Finastéride ?
Le finastéride est la substance active de plusieurs médicaments employés en allopathie et réservés aux hommes. Il sert à traiter diverses pathologies exclusivement masculines affectant la prostate (hypertrophie bénigne de la prostate) ainsi que la calvitie. "L'action du finastéride consiste à réduire le taux de dihydrotestostérone, une hormone qui favorise la chute des cheveux et également la croissance normale de la prostate, explique le Dr Charles, chef du service d'urologie au CHU de Poitiers. Le principe actif de ce médicament est le Finastéride.
Cheveu
Le finastéride bloque l'action de la testostérone (hormone masculine), au niveau des follicules pileux présents sous le cuir chevelu. Il ralentit alors la chute des cheveux (alopécie) dont l'origine est hormonale, c'est-à-dire chez les hommes qui présentent une alopécie androgénique, à un stade peu avancé. Son administration se fait par voie orale et il se présente sous forme de comprimé. Au bout de 3-6 mois de traitement, la chute des cheveux commence généralement à être stabilisée.
Prostate
Le finastéride bloque l'action de la testostérone (hormone masculine) au niveau de la prostate. Il ralentit la croissance de l'adénome de la prostate et diminue les symptômes urinaires qui en découlent. Le finastéride diminue artificiellement le taux de PSA (antigène spécifique de la prostate utilisé dans le dépistage du cancer prostatique), même s'il n'a pas d'action préventive sur le cancer.
Quelle est son efficacité ?
"Ce médicament est surtout efficace lorsque l'alopécie est prise en charge avant qu'elle n'atteigne un stade trop avancé. Il s'agit d'un traitement sur le long terme qui fournit des résultats satisfaisants après plusieurs années (environ 5 ans). Ce médicament est efficace en quelques mois sur les symptômes urinaires obstructifs."
Posologie
"La dose recommandée est d'un comprimé de 5 mg par jour, rappelle le spécialiste. Même si une amélioration rapide est parfois constatée, un traitement d'au moins six mois peut être nécessaire pour déterminer objectivement si une réponse satisfaisante a été obtenue en ce qui concerne les troubles urinaires."

Effets secondaires
Quoiqu'efficace, il n'est pas dénué d'effets secondaires. En effet, en intervenant au niveau hormonal, le finastéride entraîne des troubles sexuels divers (baisse de la libido, impuissance, éjaculation anormale ou diminuée), une gynécomastie (développement des glandes mammaires), des douleurs testiculaires et une dépression chez certains patients.
Liste des effets secondaires bien connus :
- augmentation du volume des seins chez l'homme (gynécomastie) peu fréquent ;
- baisse de la libido (fréquent), mais peut persister après l'arrêt du traitement;
- troubles de l'érection (fréquent) et de l'éjaculation (peu fréquent), mais peuvent persister après l'arrêt du traitement, douleurs testiculaires ;
- réaction allergique, sous forme d'éruptions cutanées et de démangeaisons notamment
- des palpitations,
- des troubles de l'humeur (dépression),
- des douleurs ressenties au niveau des testicules.
- quelques cas de cancer du sein survenus après l'interruption du traitement ont été rapportés.
Attention : Le finastéride est contre-indiqué chez les femmes et chez les hommes qui présentent une hypersensibilité à son principe actif (le finastéride) ou une autre des substances qui entrent dans sa composition.
Médicaments contenant du finastéride
Le finastéride est une substance qui est exploitée par plusieurs laboratoires au dosage de 1 mg, dans le cadre du traitement de la chute des cheveux : Sandoz, Bailleul, EG Labo®, Mylan, Biogaran, Zydus, Teva et Arrow Génériques. On retrouve également du finastéride à ce dosage dans le générique Finhair ®, ainsi que dans Propecia ®. Certains laboratoires proposent aussi des traitements à base de finastéride au dosage de 5 mg pour lutter contre l'hypertrophie bénigne de la prostate : Chibro-Proscar®, EG Labo, Alter, Sandoz, Biogaran, Cristers, Mylan, Ranbaxy, Almus, Arrow Lab, Isomed, Teva, Zydus et Zentiva.
- Finasteride Alter
- Finasteride Mylan
- Finasteride Accord
- Finasteride Sandoz
- Finasteride Bailleul
- Finasteride Arrow
- Chibro
- Finasteride Teva
- Finasteride Biogaran
- Finasteride Zentiva
Prix et remboursement
Le prix de Propecia® 1 mg est de 94 euros environ pour un traitement d'un mois. Ce médicament, ainsi que son générique (le Finastéride) ne sont pas remboursés par la sécurité sociale dans l'indication alopécie (chute de cheveux). " Le Chibro-Proscar® 5 mg et ses génériques sont remboursées à 30% par l'Assurance maladie dans le cadre du traitement de l'hypertrophie bégnine de prostate (coût mensuel total = 10,97 euros pour les génériques et 12,11 euros pour le Chibro-Proscar® au 01/01/2020) ", conclut notre interlocuteur.
Est-il en vente libre, sans ordonnance ?
Le médicament Propecia® 1 mg comme le Chibro-Proscar® 5 mg et leurs génériques ne sont pas en vente libre et ne peuvent pas être achetés sans une ordonnance médicale.
L'INDUSTRIE DE L'ADENOME DE LA PROSTATE Les ambiguïtés du Proscar
Une nouvelle médication de l'adénome de la prostate produit par le géant pharmaceutique MSD (Merck, Sharp and Dohme) suscite depuis peu de nombreuses interrogations dans la communauté des spécialistes d'urologie et de l'évaluation des médicaments, au point d'alimenter une polémique. Il s'agit du finastéride, commercialisé à travers le monde sous le nom de Proscar et en France sous celui d'Hibro-Proscar afin notamment, explique-t-on, de prévenir tout risque d'homonymie avec un psychotrope vendu sous le nom de Prozac.
Le principe actif de ce produit est un inhibiteur de la " 5-alpha réductase ", substance qui jouerait un rôle dans le développement de la glande prostatique. Il s'agit, selon le fabricant, de " la première molécule d'une nouvelle classe de médicaments proposés pour réduire le volume de l'hypertrophie bénigne de la prostate ". Plus clairement, l'absorption de cette molécule a pour effet, à partir de modifications hormonales, de réduire, non pas spécifiquement le volume de l'adénome lui-même, mais le volume de l'ensemble de la prostate, et donc indirectement, espère-t-on, permettre une levée de l'obstacle à l'écoulement du flux urinaire dans l'urètre.
Les spécialistes médicaux de chez MSD fournissent une série d'arguments chiffrés pour démontrer tout le bénéfice qu'il peut y avoir, pour un certain nombre de personnes souffrant d'un adénome, à consommer ce médicament, étant entendu que l'arrêt de la consommation du produit entraîne (dans le cas où elle les a améliorés) une réapparition des symptômes. Tous les calculs tendent à affirmer l'existence d'une activité " statistiquement significative " par rapport à l'activité (elle-même en toute hypothèse très importante) des produits placebo. Lorsqu'elle peut être obtenue et démontrée, l'efficacité du Proscar sur les signes " subjectifs " ou " objectifs " demande plusieurs mois. Le plus souvent, un traitement d'au moins six mois peut être nécessaire pour obtenir une réponse bénéfique.
Conséquence des modifications physiologiques qu'elle induit, la consommation de Proscar n'est pas sans effets indésirables. Les principaux sont d'ordre sexuel : apparition d'une impuissance (3,7 % des cas), d'une diminution de la libido (3,3 %) ainsi que d'une diminution du volume de l'éjaculat (2,8 %). Une précaution doit par ailleurs être soulignée. Compte tenu de la capacité qu'a le principe actif du Proscar d'" entraîner les anomalies des organes génitaux externes, s'il est administré accidentellement à une femme enceinte porteuse d'un foetus mâle ", il convient que les femmes en âge de procréer ne manipulent pas ces comprimés. Et à l'occasion de la réunion de San-Antonio, MSD a solennellement rappelé que lorsqu'un homme, sous finastéride, a une partenaire sexuelle qui est enceinte ou qui " pourrait l'être ", cet homme doit " protéger " sa partenaire en utilisant des préservatifs, ou en évitant d'avoir des rapports sexuels ou encore en arrêtant de se traiter avec le Proscar.
Médicaments Merck épinglés aux USA
L'agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) a demandé au laboratoire américain Merck de renforcer les avertissements concernant de possibles effets secondaires sur la libido de deux de ses médicaments, Propecia et Proscar.
Le Propecia traite la calvitie masculine et le Proscar des problèmes de prostate. Ils contiennent tous les deux un principe actif, le finastéride, à l'origine des effets secondaires, qui a pour effet de bloquer l'action de l'hormone mâle, la testostérone.
Les boîtes de ces médicaments devront donc désormais comporter une liste étoffée des troubles sexuels occasionnés par ces produits et la mention de cas d'infertilité devra être ajoutée, a annoncé vendredi la FDA.
Selon la porte-parole de la FDA, Stephanie Yao, des effets sexuels indésirables avaient déjà été identifiés mais il ne concernait qu'un petit nombre de patients et l'avertissement figurant sur les boîtes était donc limité.
Vigilance accrue aux USA sur un traitement anticalvitie
L'agence américaine des médicaments (FDA) a demandé au laboratoire Merck de renforcer les avertissements concernant de possibles effets secondaires de deux de ses médicaments, Propecia et Proscar, sur la libido.
Baisse de libido, troubles de l'érection: les effets secondaires du finastéride, une molécule utilisée sous le nom de Propecia pour traiter la calvitie en bloquant l'action de la testostérone, sont connus. Mais le doute persiste autour de leur gravité et de leur durabilité. Devant l'accroissement des cas recensés outre-Atlantique, l'autorité sanitaire américaine a décidé de pousser plus loin sa mise en garde sur les notices des deux médicaments du laboratoire Merck comprenant le principe actif - le Propecia (pour ralentir l'alopécie) et sous une forme plus concentrée le Proscar (en cas de problèmes de prostate). La liste des troubles potentiellement occasionnés par ces produits a été rallongée avec, entre autres, l'infertilité et l'altération de la qualité du sperme.
Le Propecia est un médicament couramment prescrit par les dermatologues. Il est autorisé sur le marché américain depuis 1997, et en France depuis 1999. L'Agence française du médicament (Afssaps) a rappelé en mars que les effets indésirables sexuels étaient déjà observés dans les études cliniques ayant conduit à l'autorisation de mise sur le marché (AMM), chez 1 à 10 patients pour 1000 patients traités. "Ces effets sont considérés comme transitoires ou réversibles à l'arrêt du traitement et figurent dans le résumé des caractéristiques du produit et la notice initiale du médicament", précisait alors l'Afssaps.
Vigilance renforcée en Europe également
Toutefois, des patients affirment continuer à souffrir d'impuissance, même après l'arrêt du traitement. Aux États-Unis, les nouvelles notices vont préciser que les troubles peuvent perdurer "quelque temps" au-delà. En France, deux cas d'impuissance irréversible ont été enregistrés dans la base nationale de pharmacovigilance chez des patients prenant du Propecia. Selon l'Afssaps, le finastéride fait l'objet d'une vigilance particulière au niveau européen, comprenant un plan de gestion des risques, des rapports annuels et une réévaluation à cinq ans de son AMM (prévue en 2013). Il est conseillé de prendre rendez-vous avec son médecin si l'on constate des troubles sous traitement.
Le laboratoire Merck dément toutefois que ses produits soient à l'origine de troubles persistants. "Propecia et Proscar sont généralement bien tolérés et efficaces concernant l'utilisation à laquelle ils sont respectivement destinés", affirme un communiqué. Et selon le laboratoire, la relation entre ces médicaments et "la persistance d'un dysfonctionnement sexuel après l'arrêt du traitement n'a pas été établie".