Le moustique transgénique, arme ailée contre la dengue
Des insectes à la progéniture non viable ont été testés aux îles Caïmans.
A gauche, Aedes aegypti, modèle sauvage : un moustique noir tacheté de blanc qui transmet la dengue à l'homme (50 à 100 millions de cas annuels), mais aussi le chikungunya. A droite, Aedes aegypti OX513A, mâle génétiquement modifié, dont existent deux versions fluorescentes : rouge et vert. Le premier combat en pleine nature entre les deux insectes a eu lieu aux îles Caïmans, dans le cadre d'un essai mené par l'équipe anglo-américaine de Luke Alphey (Oxitec Limited, Oxford), dont les résultats ont été publiés, dimanche 30 octobre, sur le site de la revue Nature Biotechnology.
L'enjeu : savoir si les moustiques transgéniques, dont la descendance est vouée à mourir, peuvent suffisamment concurrencer leurs cousins sauvages dans la course à l'accouplement pour réduire la population d'insectes vecteurs de ces maladies infectieuses transmissibles.
Luke Alphey et ses collègues ont pourvu les moustiques OX513A d'un "dispositif génétique fatal dominant", inactivé par la consommation d'un antibiotique, la tétracycline (Sumycin). En laboratoire, les moustiques transgéniques recevaient de la tétracycline et pouvaient ainsi se développer.
Mais, outre le gène de la fluorescence qui permet leur repérage, celui qui les rend vitalement dépendants de la tétracycline (Sumycin) est également transmis à leurs descendants. Les larves fluorescentes, qui ont pour père un moustique transgénique, sont donc condamnées à mourir puisqu'elles ne peuvent trouver de la tétracycline dans la nature.
"La question essentielle était de savoir si les moustiques génétiquement modifiés avaient, dans la nature, des performances sexuelles comparables à celles de leurs homologues sauvages", indique Luke Alphey. L'essai en plein air s'est déroulé durant quatre semaines en 2009, avec un lâcher de plus de 18 000 moustiques OX513A dans un périmètre de 10 hectares, sur la plus grande des îles de l'archipel des Caïmans.
Espèce concurrente
Bilan : le taux de succès des mâles transgéniques, dans l'accouplement avec des femelles, a été de 56 % de celui des mâles sauvages. "La différence n'est pas si importante et les moustiques génétiquement modifiés se comportent extrêmement bien, commente Luke Alphey. Notre essai visait aussi à savoir combien lâcher de moustiques dans un périmètre donné pour obtenir un effet significatif. Un nombre dix fois supérieur à la population sauvage est efficace, mais le même résultat pourrait vraisemblablement être atteint avec moins de moustiques transgéniques."
Un antibiotique responsable d'infections (étude)
L'augmentation soudaine des infections néonatales à streptocoque B dans les années 60 était due à l'usage massif de la tétracycline (Sumycin), un antibiotique largement utilisé à partir des années 50, selon une étude parue aujourd'hui dans la revue scientifique Nature communications. Les infections à streptocoque B, transmises par la mère au moment de l'accouchement, sont potentiellement graves pour le nouveau-né lorsqu'elles ne sont pas traitées à temps. Elles peuvent exceptionnellement provoquer des méningites, avec des séquelles neurologiques voire, dans certains cas, entraîner le décès du bébé.
Mais, alors qu'elles étaient rares jusque dans les années 50, leur nombre a brutalement augmenté dans les années 60 aux Etats-Unis comme en Europe pour atteindre environ un tiers de l'ensemble des infections néonatales, qui touchent aujourd'hui environ 1 nouveau-né sur 2000, sans qu'on comprenne pourquoi. En retraçant l'histoire des streptocoques B d'origine humaine et en séquençant le génome de 230 souches datant des années 50 à aujourd'hui, des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS ont constaté que 90% des souches récentes étaient résistantes à la tétracycline et qu'elles étaient globalement plus dangereuses que celles qui existaient avant l'usage massif de la tétracycline.
"Son utilisation a provoqué un remplacement de la population des streptocoques par des souches plus virulentes et son impact continue de nos jours, alors même que la tétracycline n'est plus utilisée", souligne Philippe Glaser, le chercheur de l'Institut Pasteur qui a coordonné l'étude. Très prescrite jusque dans les années 80 à titre préventif contre diverses infections, la tétracycline n'est plus guère utilisée de nos jours parce que beaucoup de bactéries ont développé des résistances à cet antibiotique.
"Nous avons montré que l'utilisation d'un antibiotique peut entraîner l'émergence de souches dangereuses et que même si on arrête son utilisation, son effet sur l'émergence de souches virulentes se poursuit", ajoute le chercheur qui estime que le même phénomène touche "probablement" aussi certains staphylocoques ou entérocoques, mais avec d'autres antibiotiques. Pour prévenir les infections néonatales à streptocoque B, les mères sont invitées en France à faire des tests de détection de la bactérie pendant la grossesse. En cas de test positif, elles sont généralement traitées par de la pénicilline juste avant l'accouchement afin de protéger le bébé.
C'est quoi les cyclines ? Quels antibiotiques ?
Les cyclines sont des antibiotiques bactéricides.
Les cyclines (parfois appelées tétracyclines) sont des antibiotiques indiqués dans le traitement de certaines infections d'origine bactérienne ou parasitaire. Les cyclines sont plus précisément des bactériostatiques. Elles stoppent la multiplication des bactéries mais ne détruisent pas celles déjà présentes à la différence des bactéricides. Les cyclines peuvent empêcher la prolifération d'une grande variété de bactéries, d'où leur utilisation dans le traitement de pathologies très différentes : pneumonie, tuberculose, certaines IST (infections sexuellement transmissibles)...
Ces médicaments s'administrent par voie orale et sont commercialisés sous forme de gélules ou de comprimés. Les principales cyclines sont :
- la doxycycline,
- la lymécycline,
- la métacycline
- et la minocycline.
Les cyclines peuvent entraîner certains effets indésirables tels que des troubles digestifs, des dyschromies (dents jaunes) et une photosensibilisation. Elles sont déconseillées lors des maladies à streptocoques car la plupart de ces bactéries sont résistantes au traitement. Les cyclines sont contre-indiquées durant la grossesse, l'allaitement et chez l'enfant de moins de 8 ans.
Infections néonatales dans les années 60, un antibiotique dans le viseur
L'augmentation soudaine des infections néonatales à streptocoque B dans les années 60 était due à l'usage massif de la tétracycline (Sumycin), un antibiotique largement utilisé à partir des années 50, selon une étude parue lundi dans la revue scientifique Nature Communications. Ces infections, transmises par la mère au moment de l'accouchement, sont potentiellement graves pour le nouveau-né lorsqu'elles ne sont pas traitées à temps. Mais, alors qu'elles étaient rares auparavant, leur nombre a brutalement pris de l'importance dans les années 60 aux Etats-Unis comme en Europe, pour atteindre environ un tiers de l'ensemble des infections néonatales, qui touchent aujourd'hui un nouveau-né sur 2000.
En séquençant le génome de 230 souches des années 50 à aujourd'hui et en retraçant l'histoire des streptocoques B, des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS ont constaté que 90% des souches récentes étaient résistantes à la tétracycline et qu'elles étaient globalement plus dangereuses que celles qui existaient avant l'usage de l'antibiotique. «Son utilisation a provoqué un remplacement de la population des streptocoques par des souches plus virulentes et son impact continue de nos jours, alors même que la tétracycline n'est plus utilisée», souligne Philippe Glaser, le chercheur de l'Institut Pasteur qui a coordonné l'étude.
Très prescrite jusque dans les années 80 à titre préventif, la tétracycline n’est plus guère utilisée parce que beaucoup de bactéries ont développé des résistances. Pour prévenir les infections à streptocoque B, les mères sont invitées en France à faire des tests de détection pendant la grossesse. En cas de contrôle positif, elles sont généralement traitées par de la pénicilline juste avant l’accouchement, afin de protéger le bébé.
Attention aux antibiotiques pendant la grossesse !
Cinq classes d'antibiotiques augmentent le risque de fausse couche chez les femmes enceintes, selon une récente étude.
Plusieurs classes d'antibiotiques courants augmenteraient le risque de fausse couche en début de grossesse. C'est ce que vient de révéler une étude canadienne menée auprès de 95 722 femmes âgées de 15 à 45 ans et publiée dans le Canadian Medical Association Journal.
Macrolides, quinolones, tétracyclines… Les chercheurs de l'université de Montréal ont observé que le risque d'avortements spontanés liés à la prise d'antibiotiques pendant la grossesse atteindrait 60%, contre 30% normalement. Les chercheurs mettent en cause cinq familles d'antibiotiques responsables de fausses couches. Parmi elles, on retrouve les macrolides indiquées dans les infections du nez, de la gorge et des oreilles, des bronches et des poumons, de la peau, de la bouche et des organes génitaux, ainsi que les quinolones qui sont prescrits pour traiter les infections urinaires, génitales, intestinales, du nez et de la gorge, ou l'infection aiguë de la vessie. Il y a également le métronidazole (infections abdominales, vaginales et intestinales), les tétracyclines (maladies infectieuses) et les sulfonamides. Les scientifiques n'ont toutefois pas observé d'augmentation du risque de fausse couche pour l'érythromycine et la nitrofurantoïne, qui sont souvent utilisées pour traiter les infections urinaires chez la femme enceinte.
Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de l'étude se sont intéressés à un groupe de 8 702 femmes enceintes qui ont subi une fausse couche à la 14e semaine de grossesse, et à un groupe contrôle composé de 87 020 femmes enceintes. Ce sont près de 1 430 femmes enceintes, soit 16,4% des participantes, qui ont été exposées aux antibiotiques pendant les premières semaines de grossesse alors qu'elles étaient 12,6% dans le groupe contrôle. Les chercheurs indiquent qu'il est nécessaire de prendre en considération la gravité de l'infection traitée par antibiotiques comme cofacteur de risque de fausse couche.
Mieux vaut éviter les médicaments pendant la grossesse. En France, les antibiotiques de la famille des quinolones sont déconseillés ou contre-indiqués pendant la grossesse, tout comme les cyclines qui sont déconseillées au cours du premier trimestre et contre-indiqués à partir du 4e mois de grossesse. Par ailleurs, les aminosides sont réservés à quelques infections graves puisqu'ils peuvent être à l'origine d'une toxicité auditive et rénale pour le fœtus. D'une façon générale, l'utilisation des médicaments doit être évitée au cours de la grossesse. Néanmoins, si un traitement médicamenteux s'avère nécessaire, c'est au médecin d'en évaluer le bénéfice risque, indique l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) sur son site Internet.